Le dernier sultan de Grenade est enterré à Fès et non à Tlemcen
affirme M. Abdelouahab Benmansour

Précisions

Le dernier Sultan de Grenade Abou Abdillah Zghaibi a été enterré à Fès et non pas à Tlemcen (Algérie) comme le prétendait le chercheur français Charles Brosselard, a affirmé, jeudi à Chefchaouen, M. Abdelouahab Benmansour, historiographe du Royaume.

Traitant de cette question, lors du colloque sur les morisques au Maroc, M. Benmansour, également membre de l’académie du Royaume, s’est employé à réfuter les affirmations du chercheur français dans la revue africaine et dans son ouvrage les inscriptions arabes de Tlemcen, selon lesquelles le dernier Sultan de Grenade, Abou Abdillah Ben Al Ahmar aurait été enterré à Tlemcen où il s’était retiré après la chute de Grenade.

Selon M. Benmansour, il y avait effectivement un autre Roi qui portait le nom de Abou Abdillah Azzoghl et qui régnait sur Malaga.

Il y avait donc deux rois, a expliqué M. Benmansour: Abou Abdillah Ben Hassan Ali Ben Saad Annasri, surnommé Zghaibi, et son oncle Abou Abdillah Mohamed Ben Saâd, surnommé Azzoghl, qui régnaient chacun sur une partie du Royaume d’Andalousie, quelques années seulement avant sa chute.

Après des négociations secrètes avec le Roi catholique Fernando, l’oncle Azzoghl avait gagné Oran puis Tlemcen où il a vécu ses derniers jours et où il a été enterré.

Pour sa part, le Roi Zghaibi avait abandonné Grenade aux rois espagnols sur la base d’un accord de capitulation en date du 25 novembre 1491.

Il avait ensuite quitté le sud d’Espagne pour Melillia au début du mois d’octobre 1493, d’où il est parti s’installer à Fès. Plus tard, il s’était engagé dans l’armée des Ouattassides et avait trouvé la mort dans une bataille contre les armées saadiennes à Bouakba sur l’Oued Derna. Son corps a été transporté à Fès où il a été enterré, a précisé M. Benmansour.

Pour sa part, l’expert Mohamed Hijji, a traité du rôle militaire des morisques notamment dans les batailles maritimes contre les mécréants. Il a également donné des indications sur la genèse de l’appellation de morisque (arabes très bas) attribuée par les catholiques aux andalous musulmans à la veille de la chute du Royaume de Grenade.

Cette appellation concernait ceux qui ont été abandonnés à leur propre sort parmi les musulmans andalous, a-t-il indiqué.

Arrivés dans les ports marocains et tunisiens, nombreux parmi eux ont été désignés pour commander des flottes de guerre (Salé, Tlemcen, Badis, Halq El Ouadi à Tunis etc....).

De son côté, l’expert Hussein Bouzineb a démontré que les morisques, persécutes dans leur pays de naissance, n’ont pas été traités de manière convenable une fois au Maroc ou dans d’autres pays maghrébins.

Selon cet expert, personne ne pensait en Espagne, à la fin de l’année 1607, expulser les morisques, qui devaient être reconvertis, selon les espagnols, au christianisme.

Mais, le conseil d’état espagnol, réuni en session le 30 janvier 1608, avait décidé a l’unanimité de les expulser d’Espagne, en jugeant favorable la conjoncture politique et militaire aussi bien au Maroc que chez les turcs, a dit M. Bouzineb. Une fois expulsés de chez eux, les morisques et leurs enfants n’ont jamais réussi à regagner leur pays natal : l’Andalousie, en raison notamment des enjeux politiques dont ils étaient victimes, a-t-il expliqué.

Le matin du Sahara et du Maghreb

Lundi 25 Septembre 2000 - N° 10.840